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Maman Léo ne parlait plus.

En montant l’escalier, Maurice pressait le bras de Valentine contre son cœur.

— Comme nous aurions été heureux ! murmura-t-il.

— L’âme ne meurt pas, répondit la jeune fille, dont les beaux yeux étaient levés vers le ciel.

Une porte s’ouvrit au-devant d’eux et ils se trouvèrent dans la chambre du colonel, disposée comme nous l’avons dit et déjà remplie par ceux qui devaient assister au mariage.


XLII

Le bien et le mal


Au moment où Valentine et Maurice, suivis de maman Léo, entraient dans la chambre du colonel, tout le monde était rassemblé autour du lit funèbre, à l’exception du vieux Germain, qui se tenait modestement à l’écart.

Pas n’était besoin d’être médecin pour suivre désormais les progrès rapides et sûrs de cette tranquille agonie. C’était une ombre ou plutôt une momie qui était là couchée sur le matelas austère, et la lueur des cierges, frappant obliquement le front du vieillard mourant, y mettait déjà des reflets cadavéreux.

Parfois, la lutte de la dernière heure est cruelle, et l’âme, pour s’exhaler, livre un effrayant combat ; mais ici c’était la tranquillité qui accompagne, selon la croyance commune, le suprême adieu du juste ; il n’y avait point de douleur apparente ; l’in-