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Valentine secoua sa tête charmante et murmura :

— Ces armes-là ne valent rien. Je ne sais pas si celles que j’ai choisies sont meilleures. Après Dieu, qui tient notre vie dans sa main, il n’y a qu’une seule créature humaine en qui j’espère ; tout dépend de Coyatier.

— J’ai plutôt idée, moi, gronda maman Léo, que tout dépend du colonel. Mais ne te fâche pas, chérie ; mon de profundis est dit et bien dit. Roule ta bosse, c’est toi qui as le plus gros enjeu, c’est à toi de tenir les cartes.

Le lecteur sait désormais laquelle pensait juste de Valentine d’Arx ou de maman Léo, sur la question de Coyatier et du colonel.

La voiture allait au trot des deux beaux chevaux de la marquise. Dans ces rues du centre de Paris, si gaies et si pleines, il aurait suffi d’un mot prononcé à la portière pour obtenir une aide instantanée. Moins que cela, rien n’empêchait de descendre, et si l’on eût été vraiment dans la forêt de Bondy, maman Léo à elle seule aurait eu bien vite raison des deux bandits déguisés en valets.

Mais ce qui fait d’ordinaire la sécurité de tous était ici la perte de nos fugitifs. Ce n’étaient, en réalité, ni Giovan-Battista, ni mons Piquepuce qui les tenaient prisonniers. L’arme invisible les avait touchés : ils étaient garrottés par une chaîne magique.