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dégagée du lieutenant flotter dans la redingote noire que le torse dodu de l’ancien apprenti pharmacien bourrait tout à l’heure.

— Patronne, avait dit Échalot au moment de la séparation, je vous recommande Saladin, mon adoptif, à cause de la faiblesse de son âge et que son vrai père est incapable de le guider dans le sentier de la vertu. Quant à moi, la chose de m’être sacrifié pour vous permettre de l’agrément suffira à mon cœur en le consolant dans sa solitude. À vous revoir et bonne chance !

— À te revoir, ma vieille ! avait répondu la dompteuse en lui serrant la main à l’écraser ; je te signe en ce jour le choix que je fais de ta personne dans la foule des prétendants qui soupirent à l’entour de moi. Je te prends à la maison avec l’emploi de mon mari qui sera plus tard ta récompense.

Dans la rue Pavée, la voiture de la marquise attendait. Sur le siège nous aurions pu reconnaître ce cocher silencieux qui répondait au nom de Giovan-Battista ; derrière, le valet de pied qui tenait les cordons ressemblait, malgré sa perruque poudrée et son majestueux uniforme, à ce bandit facétieux qui partageait à l’estaminet de l’Épi-Scié la popularité du jeune Cocotte : monsieur Piquepuce.

Maurice et Valentine s’assirent l’un auprès de l’autre, maman Léo prit place sur le devant, après avoir jeté au cocher l’adresse de l’hôtel de Bozzo.

La voiture se mit en marche et prit la rue Saint-Antoine. Maman Léo resta un instant silencieuse à regarder les deux jeunes gens qui se tenaient par la main pensifs et recueillis.