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que lui témoigne la patronne, mais rien n’arrête le débordement des passions. Quand il fut sorti de la conciergerie, il continua de se fréquenter avec la demoiselle Valentine de V…, qui est une pas grand’chose, quoique appartenant à la plus haute société.

Il faut vous dire, et c’est à maman Léo que je parle, car tous les autres savent cela sur le bout du doigt, que le mariage de la demoiselle avec le juge était une chose arrêtée. On avait signé le contrat et publié les bans.

En passant, une observation qui a ses conséquences. On voit un peu plus loin que le bout de son nez, c’est sûr. Je suis, moi, de ceux qui pensent qu’il y avait là un marché, et que ce mariage était le prix de la faiblesse du juge à l’endroit du Maurice pincé en flagrant.

La demoiselle avait dû dire quelque chose comme cela : « Sauvez celui qui m’est cher et je serai votre femme. »

Ça n’est pas beau, et, en plus, ça a l’air bête. Ils sont si drôles, dans le beau monde ! Voilà un endroit où il s’en passe de cruelles, qui ne viennent pas souvent à la cour d’assises, rapport à la richesse et à la faveur des fautifs.

Ceux qui connaissent le dessous de leurs lambris dorés disent que ça fait frémir pour l’immoralité de toutes les turpitudes qu’ils contiennent !

Et, quant à la bêtise, écoutez donc, depuis le commencement jusqu’à la fin, ce juge-là, malgré sa réputation de savant, s’est toujours conduit comme qui n’a pas inventé la poudre.

Voilà donc qui est très bien : les préparatifs de la noce allaient leur train dans le