Page:Féval - Maman Léo, 1869.djvu/390

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le colonel frappa ses deux mains l’une contre l’autre.

La porte à laquelle le Marchef s’était montré déjà fut ouverte de nouveau et le colonel lui dit :

— Avance, bonhomme !

Quand le Marchef fut auprès de son lit, le colonel ajouta :

— Il me semble que tu n’es pas ivre, aujourd’hui ?

— Non, répondit Coyatier.

— Quand tu dois travailler, cependant, ton habitude est de boire un coup.

— Oui, répondit encore Coyatier.

— Veux-tu boire ?

— Non.

— À ton aise ! Mets-toi là, tout près de moi, et causons.

Le Marchef s’assit au chevet du lit. Le colonel mit sa tête au bord de l’oreiller. Pendant trois ou quatre minutes, il parla, mais si bas qu’une personne placée au milieu de la chambre n’aurait pu saisir aucune de ses paroles.

Le Marchef écoutait, immobile et froid comme une pierre.

— As-tu compris ? demanda enfin le colonel.

— Oui, répondit Coyatier.

— Pourras-tu suffire à ta besogne ?

— Oui.

— Regarde-moi, ordonna le colonel.

Coyatier obéit. Leurs yeux se choquèrent pendant l’espace d’une seconde, puis Coyatier détourna les siens et répéta comme un homme subjugué :

— Oui ! j’ai dit : oui.

— C’est bien, fit le vieillard, je viens de passer ton examen de conscience et je suis content de toi. Un dernier mot : tu aurais