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— Allons ! fit encore la marquise en essayant de prendre un ton dégagé, ces moments de crise me connaissent. Pas d’inquiétude, surtout, cela te ferait du mal. Il n’y aura aucun accroc, on a dépensé ce qu’il faut pour que tout aille sur des roulettes.

L’instant d’après, deux voitures se séparaient au coin de la rue des Batailles : celle du colonel, où était la marquise, remontait vers les Champs-Élysées, par la rue de Chaillot ; l’autre, timbrée à l’écusson d’Ornans, mais ayant cocher et valet de pied à la livrée du colonel, descendait vers le quai pour prendre la route du Marais.

C’était celle-là qui emmenait Valentine.

Quand elle arriva rue Pavée, il y avait un fiacre qui stationnait devant la principale entrée de la prison.

Valentine ordonna au cocher de se mettre à la suite du fiacre, puis elle abaissa les stores de sa voiture et attendit.


XXXIX

Départ pour le bal


Six heures du soir venaient de sonner à l’antique pendule dont le balancier allait et venait en grondant. Il faisait nuit dans la chambre du colonel, éclairée seulement par les lueurs du foyer presque éteint.

Derrière les hautes fenêtres, drapées de rideaux sombres, les arbres du jardin montraient vaguement leur tête blanche de neige.

Au contraire, par la porte entr’ouverte, on voyait une vive clarté dans la chambre voisine, où la comtesse Francesca Corona