Page:Féval - Maman Léo, 1869.djvu/359

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui était en ce moment l’unique champion d’une cause presque perdue.

Les plus habiles auraient fait comme elle, et peut-être moins bien qu’elle, car le jeu de l’homme qui tenait le principal rôle dans cette comédie atteignait à la perfection.

D’autres n’auraient pas gardé le doute qui tourmentait encore la conscience de maman Léo.

La famille quitta le salon pour rentrer dans la chambre de Valentine ; le cercle de Mme la marquise d’Ornans s’établit selon la coutume autour du foyer, et le colonel alla s’asseoir tout seul auprès du lit.

Pendant que Valentine et lui s’entretenaient tous les deux à voix basse, la marquise se chargea d’annoncer officiellement à maman Léo que le grand jour était fixé au lendemain.

— Mieux que personne, chère madame, lui dit-elle, vous savez que la santé de notre Valentine ne sera pas un obstacle ; son expédition d’aujourd’hui, qui nous remplit de joie, en est la preuve. Voici une heure à peine, j’étais aussi ignorante que vous, et votre surprise ne pourra dépasser la mienne : tout est prêt, le providentiel dévouement de notre ami le colonel Bozzo avait pris ses mesures d’avance ; rien ne lui a coûté, et Dieu savait ce qu’il faisait quand il a mis une grande fortune à la disposition de cet admirable cœur. Ce ne sera pas une évasion comme les autres, il n’y aura aucun danger, aucune violence ; l’argent répandu à pleines mains a su aplanir toutes les difficultés. Seulement, nous avons encore besoin de vous, et M. de la Périère va vous expliquer ce que nous at-