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comme un tigre, il lui planta son sabre en pleine poitrine.

Le coup était assené terriblement et aurait mis fin d’une fois à l’histoire ; mais Échalot était sur ses gardes et Similor avait compté sans le balancier, qui fit voler le sabre en éclats.

— Assassin ! balbutia pour la seconde fois Similor, dont la langue bredouillait comme celle d’un homme ivre.

Ceci n’est point une erreur de l’écrivain, ni une faute de l’imprimeur : Similor dit : « Assassin ! » au moment même où il tentait un assassinat.

Et il ajouta, car vis-à-vis du pauvre diable qui avait été si longtemps son esclave, il avait la perfidie effrontée de certaines femmes en face de certains maris, plus trompés encore que battus :

— Lâche ! vas-tu m’assommer, maintenant que je suis sans arme ?

Il tenait à la main, d’un air piteux, le tronçon de son sabre. Échalot, qui déjà brandissait sa massue, s’arrêta.

C’était un véritable preux que ce mouton, fort et vaillant comme un taureau : un preux panaché d’ange.

— Jette ton morceau de fer-blanc, dit-il, et terminons ça, rien dans les mains, rien dans les poches.

Aussitôt Similor, réprimant un sourire de triomphe, lança au loin la poignée de son sabre. Échalot abandonna sa massue et tous deux, sans parler cette fois, se ruèrent l’un sur l’autre avec tant de violence que le choc de leurs poitrines sonna bruyamment.

Tous les mauvais instincts de Similor étaient surexcités jusqu’à la rage et le