Page:Féval - Maman Léo, 1869.djvu/346

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

parce qu’un bruit sinistre, profond, immense, ébranla les planches de la baraque.

Ce bruit ne fut suivi d’aucun autre.

C’était le dernier rugissement du grand vieux lion qui s’éveillait de son étourdissement pour mourir.

On put le voir un instant dressé sur ses pattes de derrière comme un ours et plus haut qu’un géant.

Puis il retomba, rendant un soupir énorme, et au choc de son vaste cadavre la terre trembla.

Tout cela fut rapide comme la pensée, et pourtant, quand Similor leva son arme de nouveau, les choses avaient complètement changé de face.

En mourant, le lion avait arraché la victoire aux griffes du chacal.

Échalot, en effet, à la voix du lion, avait fait lui aussi un pas en arrière, et son talon avait heurté contre le fragment de balancier dont Similor s’était servi tout à l’heure.

Il n’eut qu’à se baisser pour avoir en main une arme terrible contre laquelle le mauvais sabre de Similor n’était plus qu’une défense dérisoire.

Celui-ci mesura la situation nouvelle d’un coup d’œil et devint tout blême.

Échalot lui dit tranquillement :

— Amédée, tu peux t’en aller si tu veux, je continuerai de servir de père à l’enfant, et si j’entends dire que tu as faim, la moitié du pain que j’aurai sera pour toi.

Similor courba la tête et fit un pas vers la porte.

Mais c’était une feinte encore ; il se retourna tout à coup, croyant qu’Échalot n’était plus sur ses gardes, et bondissant