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de banque mettait le feu à son sang et dominait son être tout entier.

Il était fanfaron comme tous ses pareils et se regardait comme bien plus fort qu’Échalot ; mais la question n’était pas là ; il y a du hasard dans toute bataille, Similor ne voulait ni bataille ni hasard.

Pendant qu’il jouait la comédie de l’homme foudroyé, son esprit avait travaillé. Au moment où Échalot tournait le dos pour gagner son armoire, Similor s’était relevé vivement et avait marché sur la pointe des pieds jusqu’à la muraille.

Une fois là et se sentant protégé par l’ombre, il avait rampé comme un lézard, sans produire aucun bruit, vers l’endroit où nous le vîmes naguère donner des leçons de danse aux deux rougeaudes.

Cet endroit était situé tout près de l’armoire d’Échalot, et pour y arriver Similor dut côtoyer presque toute une moitié des clôtures de la cabane.

Échalot, du reste, lui fit la place libre en revenant vers la table.

Juste à l’instant où le pauvre Échalot s’apercevait de l’absence de Similor, celui-ci refoulait dans sa poitrine un cri de joie en arrivant à son but.

Son but, c’était un misérable trophée, composé des accessoires, comme on dit au théâtre, qui lui servaient quand il travaillait en public.

Il y avait là deux fleurets, deux cannes, deux sabres et deux gants fourrés, suspendus aux planches.

Ce n’étaient pas de bonnes armes, mais toute arme est bonne contre un bras désarmé.