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XXXVI

Le dernier rugissement


Voici ce qui s’était passé : Similor avait reçu en effet entre les deux yeux une sévère taloche, mais il en avait vu bien d’autres, en sa vie, et après le premier étourdissement, il aurait pu se relever, puisque la clémence imprudente d’Échalot lui en laissait le loisir. Mais ce n’est pas sans raison que nous avons prononcé tant de fois dans ce récit le mot « sauvage. »

Rien ne ressemble si bien aux héros de Cooper que nos mohicans de la savane parisienne.

Même ruse, même adresse, même convoitise, même férocité.

Là-bas, chez les rouges combattants de la forêt, la vaillance la plus intrépide n’exclut jamais l’astuce, et souvenez-vous que parmi les deux demi-dieux chantés par le vieil Homère, il y en avait un au moins qui était diplomate.

Sans établir aucune analogie entre Échalot et le bouillant Achille, nous retrouvons dans Similor quelques-unes des qualités qui distinguaient le sage Ulysse.

Seulement, Similor n’eût point résisté au chant de la sirène.

Il n’y avait dans sa chute aucune feinte, le coup de poing d’Échalot l’avait jeté bas irrésistiblement ; la feinte était dans la durée de son étourdissement, prolongé à plaisir.

Il ne s’agissait point pour lui d’un tournoi, d’un assaut où la gloriole seule est le prix du vainqueur ; la pensée des billets