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Mais sa phrase s’acheva en un cri d’étonnement.

Il n’y avait plus personne à l’endroit où il avait laissé Similor.

— Où donc es-tu passé, Amédée ? demanda-t-il en regardant sous la table.

Dès ce premier moment, il y avait en lui de la défiance, tant il connaissait bien son ami de cœur.

— Voilà de l’ouvrage ! pensa-t-il avec une sérieuse inquiétude ; j’aurais dû le démonter d’une patte comme je l’avais spécifié tout d’abord.

La chandelle posée sur la table projetait sa lumière à quelques pas seulement ; le reste de la baraque était plongé dans un clair-obscur qui trompait l’œil et où les objets se distinguaient à peine.

Le regard d’Échalot allait de tous côtés, interrogeant cette ombre, mais il n’apercevait rien.

Et à mesure que le temps passait, son inquiétude s’aggravait, parce qu’il se doutait bien qu’on allait le prendre par surprise.

Au moment où il ouvrait la bouche pour interroger encore, sans beaucoup d’espoir d’obtenir une réponse, un bruit de ferraille frappa ses oreilles.

— Les sabres, balbutia-t-il d’une voix altérée : je suis un homme mort !

En ce moment, un reflet s’alluma dans la nuit et la voix de Similor, qui avait recouvré tout son éclat, dit :

— Je ne veux plus partager, il me faut toute la tirelire de maman Putiphar. Si tu ne me jettes pas le paquet de chiffons, je te coupe en deux comme une pomme !