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au matin avec Gondrequin-Militaire et M. Baruque. Il s’assit sur la chaise même de la veuve et tira de sa poche un paquet de papiers que du premier coup d’œil Similor reconnut pour des billets de banque.

C’était le produit de la négociation confiée par maman Léo à son page Échalot. Nous savons que cette journée avait été employée par elle à d’autres besognes et qu’elle n’avait pas quitté Valentine.

Son dévouement était de ceux qui ne marchandent pas. Elle s’était mis dans la tête ou plutôt dans le cœur de sauver Maurice Pagès à n’importe quel prix.

Les moyens à employer lui échappaient encore ce matin, mais elle savait que l’argent était le nerf nécessaire de cette guerre qu’elle allait entreprendre :

Elle avait fait ce qu’il fallait pour se procurer de l’argent.

Malgré la défiance si naturelle à ceux qui ont travaillé beaucoup pour gagner peu et qui, en outre, se sentent entourés de gens sujets à caution, elle n’avait pas hésité à remettre sa fortune entière entre les mains d’Échalot.

Elle s’était dit, pour excuser à ses yeux cette hardiesse : « J’ai de l’œil ; j’ai jugé cette créature-là du premier coup ; je crois en lui bien plus qu’en un notaire. »

Et elle avait ajouté :

« Quant à mon saint-frusquin, j’en dois les trois quarts aux talents réunis de mon Maurice et de Fleurette, qui faisaient tomber des pluies de pièces de cent sous dans mon comptoir. C’est bien le moins que je rende à ces enfants-là ce qu’ils m’ont donné. »

Enfin, car les pauvres gens ont une idée très précise et très développée des obsta-