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— La lune de miel commence, parbleu ! vous filez, Maurice et vous…

— Ce départ est aussi préparé ?

— Ah ! je crois bien ! préparé à fond.

— Pour où partons-nous ?

— Ne faites donc pas l’enfant ! gronda Coyatier ; vous le savez aussi bien que moi.

— Un double meurtre ! prononça péniblement la jeune fille.

— Je n’ai pas encore reçu mes instructions complètes, répartit Coyatier ; je vous l’ai dit, le colonel m’attend pour savoir un peu comment vous prenez les choses ; mais j’ai idée qu’il y aura plus de deux meurtres, car tous ceux qui sont chez Remy d’Arx à l’heure qu’il est ont à régler avec l’association le même compte que Maurice et que vous.

— Le vieux Germain, fit Valentine, maman Léo…

— Et moi. Nous radotons, je vous l’ai déjà dit.

— Et pour que vous soyez avec nous, il faudrait ?…

— Vous laisser crever les yeux, jeunesse, interrompit Coyatier d’un ton sérieux cette fois, et aller à tâtons partout où ça me plaira de vous conduire : j’entends non seulement vous, mais le lieutenant aussi. Pas une observation, pas une résistance. Quant au prix, nous compterons après ; ça vous va-t-il ?

Comme Valentine hésitait, il regarda la pendule et se leva.

— Le vieux va s’impatienter, dit-il, ne vous pressez pas, réfléchissez, vous me donnerez réponse demain matin. Car il y a un hic à tout cela, c’est que je ne vous promets rien. Le diable seul peut savoir