Page:Féval - Maman Léo, 1869.djvu/310

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

donc. Et, si j’étais le Maître, ils viendraient me lécher les pattes comme des chiens couchants.

Il s’arrêta. Valentine dit :

— Tout cela ne m’explique pas vos paroles.

— L’explication la voici ; le colonel a ajouté : « C’est ma dernière affaire, et je veux la régler avant de m’en aller ; il faut que tout soit fini demain soir. »

— Mais les préparatifs de l’évasion… murmura Valentine.

— Voilà huit jours que Toulonnais s’en occupe. Il avait carte blanche et des billets de banque à poignées. Quand il a été relancer la veuve Samayoux, la chose était arrangée.

— Mais pour le mariage… le prêtre ?

— Il y a M. Hureau, le vicaire de Saint-Philippe-du-Roule, qui croit à Louis XVII dur comme fer. Le mariage, vous le savez bien, est l’idée fixe de Mme la marquise ; elle s’est résignée à tout, sauf au scandale de laisser monter deux tourtereaux comme vous en chaise de poste sans qu’on ait prononcé sur eux le conjungo. M. de Saint-Louis, qui n’a rien à refuser à la marquise, s’est chargé de l’abbé Hureau, et quoique un mariage secret soit une grosse affaire à l’archevêché, le bon vicaire du Roule n’a rien à refuser à son roi pour rire, qui prend la peccadille à son compte et qui écrira au pape si l’archevêque fait le méchant ! Comme ça, pas vrai, les convenances seront respectées.

Coyatier, en débitant cela, avait gardé son rire amer.

— Et après le mariage ? demanda encore Valentine, dont la voix s’altéra.