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— Vous ne consentiriez pas à le combattre ?… j’entends à le combattre bravement, comme un homme, un vrai homme, comme un soldat qui a déserté revient et se dresse de son haut pour mourir ?

— Si c’était en Alger, grommela le marchef, où il y aurait des gens pour me regarder…

— Moi, je vous regarde, prononça tout bas la jeune fille.

— Vous m’avez touché la main, c’est vrai, dit le bandit ; vous êtes une crâne jeune personne !

— Voulez-vous vous donner à moi tout entier ? demanda brusquement Valentine.

— À quoi ça vous servirait-il ? gronda le Marchef au lieu de répondre.

— Je vais vous le dire : ils comptent sur vous ; tout l’échafaudage de leur intrigue peut crouler si vous leur manquez.

— Quant à ça, fit Coyatier avec une étrange expression d’amertume, je vaux cher et ils ne me marchandent pas.

— Fixez votre prix, dit Valentine.

— La belle avance, pensa tout haut Coyatier, d’avoir cent mille francs dans sa poche une heure avant d’avaler sa langue !

— J’ai plus d’un million à moi, dit encore Valentine.

Le Marchef haussa les épaules, mais il répéta :

— C’est sûr que vous êtes un crâne brin de fille ! vous m’avez donné la main ! voyons, mettez que je fasse la bêtise d’accepter vos propositions, avez-vous une idée ?

— Oui, j’ai une idée.

— Si elle vaut quelque chose, on peut la dire en deux mots.

— On peut la dire en deux mots.