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— Il était jeune, murmura-t-elle, on le croyait heureux ; ses rivaux le regardaient d’en bas et leur jalousie était presque de la haine. Les voilà bien vengés ! Il est mort à force de souffrir ! Il y a eu des hommes assez cruels pour le choisir entre tous, lui qui n’avait jamais fait que le bien, et pour lui infliger la plus effrayante de toutes les tortures. Ils l’ont tué à petit feu, prolongeant le supplice avec une abominable barbarie, et non contents de supplicier son corps, ils ont tenté de déshonorer son âme…

Elle resta un instant silencieuse, puis ses lèvres s’entr’ouvrirent pour exhaler ce nom et ces mots :

— Remy… mon frère !

Puis encore elle déchira l’enveloppe et déplia le papier que l’enveloppe contenait.

C’était une pauvre écriture, pénible et tremblée, dont le désordre lui arracha sa première larme. Elle lut tout bas :

« Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, ceci est mon testament. En présence de Dieu et sentant venir ma fin prochaine, j’adresse ma dernière pensée à Marie-Amélie d’Arx, ma sœur bien-aimée, malgré le nom de Valentine de Villanove qu’elle a porté pendant l’espace de deux ans, par suite d’une fraude ou d’une erreur.

» Les pièces à l’appui de cette assertion sont déposées entre les mains du plus fidèle ami qui me reste : Germain Lambert, serviteur de ma famille depuis plus de quarante ans.

» Marie-Amélie d’Arx est mon héritière unique et légitime ; néanmoins, et pour le cas où son état civil lui serait contesté,