Page:Féval - Maman Léo, 1869.djvu/288

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

naire va revenir, vous l’introduirez près de moi.

— Et nous reviendrons avec lui, je suppose ? demanda maman Léo.

— Non, vous reviendrez seulement quand je vous appellerai. Allez !

La dompteuse et Germain sortirent.

Maman Léo se laissa conduire jusque dans la salle à manger, où elle tomba sur un siège en murmurant :

— Saquédié ! moi, je suis brisée comme si j’avais reçu une danse ! Cette enfant-là va faire un malheur ! Il n’y a pas à dire, le juge d’instruction était bon comme un ange, mais enfin il est mort, et la pauvre fillette avait bien assez à s’occuper de notre Maurice.

Le vieux valet se promenait lentement, les bras tombants et la tête inclinée.

Il s’arrêta tout à coup devant maman Léo.

— Vous qui la connaissez, demanda-t-il, croyez-vous qu’elle obéisse à la dernière volonté de son frère ?

— Je crois qu’ils sont tous les mêmes dans cette famille-là, répliqua la veuve, ils ont un diable dans le corps.

Germain se redressa, ses yeux brillaient.

— Est-elle assez belle ! murmura-t-il avec un enthousiasme profond ; et quel regard de princesse elle vous a ! Oh ! oui, c’est bien la fille de la bonne dame… la fille de Mathieu d’Arx que rien ne faisait trembler ! la sœur de Remy, mon cher enfant, qui avait la douceur d’un agneau et le courage d’un lion !

Il se laissa choir lourdement à son tour sur un siège et mit sa tête entre ses mains.

Au bout de quelques minutes, maman