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car le signe de la mort prochaine était sur son front bien-aimé.

Il me demanda du papier, une plume et de l’encre.

J’hésitais à obéir, car sa tête vacillait sur ses épaules, mais il me regarda et ses yeux suppliants semblaient me dire : Dépêche-toi, Germain, ou je n’aurai pas le temps !

Je lui apportai tout ce qu’il fallait pour écrire. D’une main je tenais le flambeau, car il disait déjà que la lumière faiblissait ; de l’autre je lui présentais l’écritoire où sa main tremblante avait peine à tremper la plume.

Il traça quelques mots bien lentement d’abord ; je crus qu’il ne pourrait continuer, mais je l’entendis murmurer :

— Il faut pourtant qu’elle ait ma dernière pensée ; il faut que je lui parle en frère… en père, car j’ai remplacé celui qui n’est plus.

Et ses doigts se raffermirent.

Le jour naissait derrière les rideaux de la croisée.

Il n’avait pas encore achevé, quand on sonna à la porte extérieure.

— Ce sont eux, me dit-il, je ne veux pas les voir.

Il avait deviné ; c’étaient les trois hommes de la veille : le colonel Bozzo, M. de Saint-Louis et le docteur Samuel. Un quatrième s’était joint à eux, que j’entendis nommer M. de la Périère.