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lonel Bozzo que je devrais m’adresser en première ligne.

Je savais aussi que le secrétaire de mon maître était plein de papiers ayant rapport à cette œuvre mystérieuse que je croyais commune entre lui et le colonel.

La responsabilité qui pesait sur moi en ce moment terrible m’écrasait. Peut-être ne savais-je pas bien ce que je faisais, car le chagrin me rendait fou. Toujours est-il que j’allai vers l’endroit où M. d’Arx mettait la clef de son secrétaire, et je revenais déjà vers le colonel pour la lui donner, lorsque la comtesse Corona, qui était penchée sur mon cher maître, s’écria par trois fois :

— Non, non, non ! Remy d’Arx n’est pas mort !

Le colonel Bozzo, à ce moment même, tendait la main pour prendre la clef du secrétaire.

Je ne sais quel instinct me retint de la lui donner, et je masquai mon refus en m’élançant tout joyeux vers le lit.

Le lit fut aussitôt entouré par le colonel et ses amis, qui semblaient, en vérité, aussi contents que moi.

Les yeux de Remy d’Arx avaient repris, en effet, un vague rayon, et ma joue, que j’approchai tout contre ses lèvres, sentit un souffle.

Mais si faible !

— Voyons, docteur, dit le colonel, c’est peut-être le commencement d’une crise favorable ; aidez le miracle à s’accomplir.

— Nous vous en serons reconnaissants, ajouta M. de Saint-Louis, comme s’il s’agissait pour nous d’un cher enfant.

Et moi je dis aussi quelque chose et j’implorai le médecin à mains jointes.