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sa jeunesse et en la force de sa constitution.

Un autre docteur me demanda :

« — N’a-t-il donc point de famille ? Il faudrait prévenir ses parents ou du moins ses amis.

J’envoyai chercher le curé de Notre-Dame-des-Victoires, l’abbé Desgenettes, ce vieux soldat qui porte la soutane comme une capote de grenadier. Il nous connaissait bien ; il arrivait quelquefois dès le matin chez monsieur Remy, qu’on éveillait pour le recevoir, et il disait : « J’ai besoin de tant pour mes pauvres. »

On lui payait son dû.

Il vint, il interrogea mon pauvre malade, qui resta muet comme une pierre.

M. le curé s’agenouilla auprès du lit et pria, mais tout cela ne dura pas longtemps parce que d’autres malheureux l’attendaient.

— Garçon, me dit-il en s’en allant, si M. d’Arx recouvre sa connaissance à quelque heure du jour ou de la nuit que ce soit, je serai prêt ; mais s’il ne recouvre pas sa connaissance, il ne faut point craindre, car jamais il n’a rien refusé à ceux qui souffrent. Les âmes comme la sienne n’ont pas besoin de passe-port pour s’en aller tout droit à Dieu.

De la famille, M. Remy n’en avait plus ; des amis, il n’en voulait point parce que les amis prennent du temps et qu’il avait sa tâche.

Je songeai pourtant tout à coup à un homme de grand âge qu’il estimait fort au-dessus des autres hommes, et qui lui donnait des conseils pour son grand travail. J’envoyai rue Thérèse chez le colonel Bozzo-Corona.