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n’eusse fait pour eux. Il y eut une grande joie quand l’enfant vint : monsieur Remy. Après le père et la mère, ce fut moi qui l’embrassai le premier. Ils sont morts maintenant tous, le père, la mère et l’enfant ; vous êtes la seule en vie, mademoiselle d’Arx ; vous êtes la seule aussi qui ne me deviez rien ; mais j’espère que vous me garderez pour l’amour de ceux qui ne sont plus.

Valentine lui tendit sa main, qu’il baisa.

— Merci ! fit-il. Je n’aurais pas été content de rester ici seulement parce que monsieur Remy vous le demande dans son testament.

— Mon frère a fait un testament ? murmura Valentine.

— Il n’a pas pu en écrire bien long, répliqua Germain, et sa pauvre main, qui courait si vite autrefois sur le papier, a eu de la peine à tracer quelques lignes. Je vous les donnerai, ces lignes, elles sont à vous comme tout le reste ; mais il y a un autre testament qui n’est pas écrit ; ce sont toutes les paroles tombées de ses lèvres, et qui, toutes, depuis la première jusqu’à la dernière, étaient prononcées pour vous.

— Saquédié ! fit la dompteuse, qui atteignit son vaste mouchoir, tu te retiens pour ne pas pleurer, fillette, mais moi, j’ai beau faire, ne te fâche pas, ça va partir.

Germain la regarda, étonné de cette familiarité.