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son et de vous mettre en possession de ce qui vous appartient.

Maman Léo ouvrait de grands yeux. Les événements pour elle prenaient une allure féerique.

Son imagination était si violemment frappée que désormais aucune surprise ne pouvait lui arriver exempte d’inquiétude. Elle voyait partout la menace mystérieuse, et il semblait que le souffle des Habits-Noirs empoisonnât l’air même qu’elle respirait.

Elle n’avait rien perdu de sa bravoure, en ce sens qu’elle était prête à affronter n’importe quel danger, mais sa bravoure ne paraissait plus au dehors.

Elle se tenait en arrière de Valentine et regardait avec une sorte de terreur superstitieuse cette chambre où était mort un soldat de la loi que la loi n’avait pas su défendre.

Valentine, au contraire, était calme, en apparence du moins.

Elle répondit au vieux Germain par un simple signe de tête, puis elle marcha droit à un portrait posé sur chevalet entre les deux fenêtres et que le jour frappait à revers.

Elle retourna le chevalet en silence pour mettre le portrait en lumière.

La mélancolique et belle figure de Remy sembla sortir de la toile.

Valentine le contempla longuement pendant que maman Léo et Germain se taisaient tous les deux. On put voir ses mains tremblantes se chercher et se joindre ; sa paupière battit comme pour refouler des larmes.

Elle ne pleura point.