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taines maisons de la rue du Mail sont construites selon un assez grand style, et il y a telle d’entre elles qui ne déparerait point le faubourg Saint-Germain.

Après avoir traversé une salle à manger et un salon hauts d’étage, tous les deux vastes et meublés avec un goût sévère, mais où il régnait je ne sais quel arrière-goût de tristesse et d’abandon, la dompteuse et sa jeune compagne furent introduites dans le cabinet de travail de Remy d’Arx.

Le valet avait dit en les précédant :

M. Germain, c’est la bonne dame et son petit.

Le cabinet était une pièce de la même taille que le salon et dont les deux hautes fenêtres donnaient sur une cour plantée d’arbres. Le bureau, les sièges et la bibliothèque régnante étaient en bois d’ébène, dont le poli austère ressortait sur le sombre velours des tentures.

Il y avait auprès du bureau, dans le fauteuil où sans doute Remy d’Arx avait coutume de s’asseoir autrefois, un homme à cheveux blancs qui portait la grande livrée de deuil.

Cet homme, dont la figure était triste et respectable, repoussa des papiers qu’il était en train de consulter et regarda les nouvelles venues.

Nous nous exprimons ainsi, parce que, paraîtrait-il, le sexe de Valentine n’était pas un mystère pour lui. En effet, il se leva et dit avec une sorte de pieuse émotion :

— Mademoiselle d’Arx, M. Remy, votre frère, mon maître bien-aimé, m’a laissé l’ordre de commander ici jusqu’à votre venue, afin de vous recevoir dans votre mai-