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le poison que je vous ai donné, Maurice, mais j’ai changé d’avis et je ne veux plus m’en servir.

La prunelle du jeune homme exprima une inquiétude.

Mlle de Villanove sourit encore et ajouta :

— J’ai votre promesse, vous ne vous en servirez pas tout seul.

— Cependant… commença Maurice.

On entendait à peine les pas du porte-clefs qui se promenait à l’autre bout du corridor.

Le doigt de Valentine se posa sur la bouche de son fiancé, mais ce ne fut pas elle qui parla, car maman Léo était en colère.

— Saquédié ! s’écria-t-elle, il s’agit de préparer une évasion et je croyais que la petite avait au moins quelques limes et un ciseau à froid pour travailler ces doubles barreaux qui ne paraissent pas faciles à remuer. Est-ce que vous croyez qu’on s’en va de la Force en disant au gouvernement : Pardon excuse, j’ai besoin d’aller à la chapelle pour mon petit conjungo ? J’ai déjà vendu mes rentes, moi, et j’ai un bon garçon, incapable d’inventer la vapeur, mais solide au poste comme le chien de Montargis, qui court la ville pour nous embaucher des hommes. Après quoi, il tentera de se ménager des intelligences ici dans l’intérieur de l’établissement… Mais vous ne m’écoutez pas, dites donc !

Maurice et Valentine se regardaient.

— Il se peut que nous ayons besoin de vos hommes, bonne Léo, dit la jeune fille ; il se peut que nous ayons aussi besoin de votre argent, et pourtant je crois être très riche. Dans une heure, désormais, nous serons fixés à cet égard. Ne m’inter-