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elle a un petit coup de mailloche, c’est bien sûr !

— Nous n’avons pas de temps à perdre, répéta Mlle de Villanove avec une singulière tranquillité ; il faut que tout soit expliqué, que tout soit convenu en quelques minutes, car les choses vont marcher très vite, et nous ne nous reverrons peut-être plus avant le grand jour.

— Quel grand jour ? demanda Maurice, qui avait échangé un regard avec la dompteuse.

Valentine sourit doucement.

— Cela nous retarderait, dit-elle, si vous vous mettiez en tête que je suis folle. Parmi les choses que je vais vous dire, il y en aura qui vous sembleront bizarres, mais j’ai toute ma raison, je vous l’affirme, et je suivrai ma route avec courage parce que je l’ai choisie avec réflexion.

Elle se tenait droite, et il y avait de l’orgueil dans le geste qui appuyait sa main charmante sur l’épaule de son fiancé.

— Vous êtes mon mari, Maurice, reprit-elle, et je suis votre femme par le fait de notre mutuelle volonté. Que nous devions vivre ou mourir, mon vœu est que cette union soit bénie par un prêtre, afin qu’il n’y ait qu’un seul nom sur la tombe où nous dormirons tous deux.

— Mais ce n’est pas tout cela… voulut interrompre la dompteuse.

— Laissez ! ordonna Valentine.

Et Maurice, qui baignait ses yeux dans le regard de la jeune fille, répéta :

— Laissez ! oh ! si fait, c’est bien cela !

Valentine pencha ses lèvres jusque sur le front du prisonnier pour murmurer :

— Nous ne pouvons avoir à nous deux qu’une volonté. Je ne vous redemande pas