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bien traité dans son enfance, mais sa famille, représentée surtout par le brave père Pagès, l’avait retranché une première fois déjà deux ans auparavant, comme une branche gourmande.

Maurice, en son cœur, ne blâmait point cela ; il savait bien qu’un homme de médiocre aisance et chargé d’enfants comme l’était son père ne doit jamais jouer avec la sécurité de sa maison.

Pendant sa brillante campagne d’Afrique, on lui avait presque pardonné, mais, depuis son malheur, il n’avait reçu qu’une dépêche brève et froide.

Ce n’était pas, à la vérité, une malédiction ; mais la dépêche se terminait par cette phrase, résumé des sagesses provinciales : « Ceux qui méprisent les conseils de l’expérience et secouent l’autorité paternelle finissent toujours malheureusement. »

À Dieu ne plaise qu’il y ait en nous amertume ou sarcasme au sujet de cette phrase qui est, en somme, l’expression bourgeoise d’une vérité fondamentale !

Mais le vieux La Fontaine nous montre en riant ce que vaut la sagesse venant hors de propos, et mieux vaudrait peut-être la folie.

Je préfère ceux qui, loin d’accepter ainsi l’accomplissement de leur banale prédiction, se redressent incrédules, devant la honte, ceux qui s’écrient, en dépit de toute apparence et même de tout bon sens : « Non ! mon fils n’est pas coupable ! »