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mythologie du brigandage, on y connaissait de plus près les demi-dieux du meurtre et du vol.

Le nom des Habits-Noirs avait été prononcé plus d’une fois à la Force à propos du lieutenant Maurice Pagès.

Mais l’innocence probable de ce dernier, loin de faire naître la sympathie, le plaçait en dehors de la ligue du mal. On guettait l’heure de son procès avec une malveillante impatience.

C’est fête pour les bandits quand une erreur judiciaire se prépare. Chaque faux pas de la justice est un témoignage à leur décharge.

La cellule de Maurice était située au troisième étage de l’ancien hôtel de Brienne et faisait partie des aménagements pratiqués à la fin du règne de Louis XVI pour transformer la noble demeure en prison. Le plan extérieur de la chambre qu’il occupait aurait présenté une surface convenable, mais l’épaisseur des murs en pierre de taille la rendait tout à fait exiguë.

Elle prenait jour au moyen d’une fenêtre étroite, profonde et défendue par un double système de barreaux en fer forgé sur une cour intérieure ayant fait partie autrefois des jardins de Caumont, et où restaient quelques grands arbres, tristes comme des prisonniers.

On apercevait leur cime de la rue Culture-Sainte-Catherine, et ceux qui ne savaient point dans quelle terre maudite ces vieux troncs étaient plantés songeaient peut-être avec envie à ces heureux voisins, jouissant de feuillées si vertes et de si frais gazons.

Juste en face de la fenêtre, qui ressemblait à une meurtrière élargie, s’élevait le