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et soumis à la plupart des précautions spéciales qu’on prend vis-à-vis de ces derniers pour éviter toute tentative d’évasion.

Parmi les captifs de la Force, l’opinion la plus accréditée était que l’ex-lieutenant avait « buté contre un carq, » c’est-à-dire que, tombé de manière ou d’autre dans un piège habilement tendu, il payait la loi pour quelque malfaiteur de la haute.

La police suivrait moins souvent une fausse piste, la justice commettrait moins d’erreurs si elles pouvaient à leur aise prendre langue au fond des sombres promenoirs où les reclus viennent boire chaque jour quelques gorgées d’air libre.

Il se tient là une bourse d’informations qui trouve parfois le mot des plus difficiles énigmes et résout en se jouant des problèmes inextricables.

Aussi Canler, Peuchet et la plupart de ceux qui ont écrit sur la police secrète autre chose que d’idiotes déclamations appuient-ils sur le rôle du mouton ou prisonnier acheté dans les bureaux.

Les rapports du mouton seraient, à leur sens, la meilleure certitude si ce misérable, damné deux fois par son crime d’abord et ensuite par sa trahison, pouvait inspirer une ombre de confiance.

À la Force, on aurait lu avec passion le travail du malheureux Remy d’Arx, repoussé à l’unanimité par les dédains de l’administration et de la magistrature. Peut-être se trouvait-il à la Force quelqu’un qui aurait pu écrire un nom sur chaque masque d’Habit-Noir désigné dans ce travail.

La Force étant plongée bien plus bas encore que la foire dans les profondeurs de la vie parisienne, on y savait mieux la