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cela, le colloque suivant s’était établi entre la grosse maman et le concierge. La bonne femme avait demandé le lieutenant Maurice Pagès.

— On n’entre pas, répondit le concierge, un peu moins bourru que les romans et les comédies ne le disent, mais néanmoins très désagréable.

— J’ai le permis de M. Perrin-Champein, riposta Mme veuve Samayoux, reconnue dès longtemps par le lecteur.

Le concierge prit le permis, l’examina, puis le rendit en disant :

— Ce n’est pas l’heure.

Comme inconvénient burlesque, irritant, désespérant, impossible, l’administration française fait l’étonnement de l’univers entier.

Nous n’avons pas le temps de développer ici les actions de grâces qu’elle mérite.

Mais nous déclarons que ces grognards sans chassepot, payés pour entraver les affaires et obstruer les passages, seraient, en dehors de toute cause politique, un motif suffisant de révolution.

Notez bien qu’ils sont presque toujours deux douzaines de diplomates pour ne pas faire l’ouvrage d’un seul innocent.

Si j’étais grand-turc de France, j’en empalerais dix-neuf sur vingt et je boucanerais le reste.

À ce mot-assommoir : « Ce n’est pas l’heure, » maman Léo, beaucoup plus calme que nous et qui d’ailleurs semblait possédée, ce matin, par une bonne humeur triomphante, répondit :

— S’il n’est pas l’heure, on peut l’attendre jusqu’à ce qu’elle sonne. On n’est pas dépourvue de ce qu’il faut pour payer la politesse des employés avec un peu de com-