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ruque, répondit Gondrequin en se rapprochant ; les hirondelles de palais, ça vient quelquefois en foire, et le juge en question n’était pas à l’abri de courir la prétentaine, témoin l’endroit où on lui a fait avaler sa langue. Si vous êtes immiscée à son passé par hasard, interrogez M. Baruque, et ce sera comme si vous aviez lu toutes les pièces qui sont au greffe.

— Monsieur Baruque ! appela Léocadie d’une voix faible.

— Holà ! hé ! Rudaupoil ! appuya Gondrequin. Obligeance à l’égard des dames ! arrive ici !

— Le voilà, ce poignard… répliqua M. Baruque, dit Rudaupoil, qui descendit aussitôt de son échelle et vint à l’ordre, son pinceau d’une main, son godet de l’autre.

Aussitôt qu’il eut quitté les sommets d’où il surveillait le travail de ses subordonnés, l’activité de ceux-ci se ralentit comme par enchantement.

— Voilà ! fit M. Baruque, qu’est-ce qu’on me veut ? Ne laissons pas sécher l’ouvrage.

Il s’interrompit pour ajouter :

— Vous avez l’air toute tapée, maman Léo !

— Dites-moi tout ce que vous savez, répliqua celle-ci en faisant effort pour se redresser ; ne me cachez rien, je vous en prie.

Et Gondrequin-Militaire, mettant les points sur les i, exposa que la patronne voulait connaître à fond l’affaire Remy d’Arx.

M. Baruque jeta derrière lui ce regard qui savait compter les coups de pinceau donnés en une minute.