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Villanove. Elle joue serré, la chère enfant ! Prenons garde à elle.

Il y a, en outre, le Marchef qui a refusé tout net d’aller prendre le vert dans nos pâturages de Sartène.

Il y a enfin un certain Germain, le vieux domestique de Remy d’Arx, qui ne l’a pas abandonné un seul instant pendant son agonie. Ah ! mais cela fait bien du monde, dites donc ?

La noce aura lieu, mes mignons, elle aura lieu chez moi ; la cérémonie religieuse, bien entendu, car je ne peux pas procurer aux deux fiancés la bénédiction de M. le maire… Commencez-vous à me comprendre ?

Il s’était redressé dans son fauteuil, et sa respiration devenait haletante.

Le docteur Samuel fit un mouvement pour s’approcher de lui, mais il l’écarta du geste.

— Je me vois finir, dit-il, en se retenant des deux mains au bras de son fauteuil ; je n’ai aucune illusion et je pourrais faire le compte exact des heures qui me restent, ce ne sera pas encore pour cette nuit. Je vous promets d’ailleurs de vous avertir ; soyez tranquilles, je serai de la noce.

Il ajouta avec un sourire véritablement diabolique :

Mme la marquise d’Ornans en sera aussi pour me remercier d’avoir accompli ma promesse ; nous y inviterons également la veuve Samayoux, notre bon serviteur le Marchef, et même le vieux Germain, domestique de Remy d’Arx… et vous y viendrez vous-mêmes, mes enfants, pour voir votre maître expirant gagner sa dernière bataille !