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il y a trois jours, Corona était mort d’une fièvre cérébrale ou d’une fluxion de poitrine.

Le colonel n’a même pas pris la peine de choisir la maladie qui tuera ce comparse.

Faites comme le colonel, supposez que Fanchette est veuve, puisqu’elle le sera quand le colonel voudra.

Il y a une dame anglaise, toute prête, convenable au plus haut point, joli nom, possédant les façons du meilleur monde et qui conduirait Fanchette à la Nouvelle-Orléans avec tous les papiers constatant l’état civil de Mlle de Saint-Pierre, y compris l’acte de décès de son vénérable aïeul.

Le reste va de soi : le mariage fait, voile impénétrable jeté sur le passé, existence princière au sein d’une des plus riches et des plus honorables familles du monde entier.

Avez-vous quelque chose à dire contre cette combinaison ?

Quand le Père eut achevé de raconter cette anecdote, que j’appellerai préventive, il remit entre les mains de la comtesse le fameux coffret et lui ordonna de le serrer dans sa chambre.

— Et cet ange de Fanchette accepta ? demandèrent à la fois les trois Habits-Noirs.

— Le rôle virginal de Mlle de Saint-Pierre ? je n’en sais rien, répondit Lecoq, mais le coffret, assurément oui. Et c’est là, veuillez le remarquer, le seul côté de la question qui nous intéresse. Vous savez désormais où trouver le trésor de la Merci, qui est notre patrimoine. Laissons à l’écart tout le reste, et délibérons sur la question de savoir comment nous nous emparerons du trésor de la Merci.