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Cependant les lettres arabes qui suivaient ne disaient point Allah ; je me souviens des caractères grecs disposés ainsi : Οὐδέν ; le latin que je compris déjà disait nihil ; puis venait l’allemand nichts ; l’anglais nothing, l’italien niente, l’espagnol nada, et pour vous épargner les autres langues, le français : RIEN !

— Et c’est là le secret des Habits-Noirs ! s’écria M. de Saint-Louis.

— Néant est le contraire de Dieu, murmura Samuel ; je ne déteste pas cette idée-là, mais elle ne nous rapportera pas grand-chose !

— Je le pensai ainsi, répliqua M. Lecoq, puisque je remis fidèlement le scapulaire à sa place ; mais n’ayant plus de secret à chercher, tout mon flair se reporta sur le trésor. Ici, je vais vous intéresser davantage : le trésor n’est pas, comme vous l’avez cru, un amas d’or et d’argent déposé ici ou là, et probablement, selon mon opinion première, dans les caves du couvent de Sartène, où le maître fait son pèlerinage une fois l’an ; le trésor est dans une petite cassette que chacun de vous pourrait porter sous son bras.

— Ce sont des diamants ! dit Samuel, dont les yeux brillèrent.

— Non, répliqua Lecoq.

— Ce sont des titres de dépôt ? demanda Portal-Girard.

— Non, répliqua encore Lecoq.

— Un pareil coffret, objecta M. de Saint-Louis, ne peut pourtant contenir une bien grosse somme en billets de banque.

— Le Royal-Exchange d’Angleterre, repartit Lecoq, a des banknotes depuis cinq livres jusqu’à un million sterling. On en connaît trois de cette somme, et feu le