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— S’il a eu cette fantaisie-là, dit-il, et je l’en crois bien capable, l’association sautera, j’en réponds. Il ne reste pas grand'chose de lui, j’en conviens, mais tant qu’il y aura de lui un petit morceau gros comme le doigt, prenez garde !…

Vous souriez ? les autres souriaient aussi… ceux qui sont morts.

Si j’étais avec vous contre lui, ce serait une curieuse bataille, car je sais peut-être où est le défaut de sa cuirasse ; si je suis avec lui contre vous, ou seulement neutre, je ne donne pas deux sous de votre peau. Nos intérêts sont communs, voilà le vrai ; ne nous fâchons donc pas, si c’est possible, et discutons amicalement.

Le vrai, c’est encore qu’il y a beaucoup d’argent, non point en caisse, mais dans quelque trou ; dix millions, vingt millions, trente millions ; je n’en sais pas le compte.

Le vrai, c’est enfin que le Père a pu avoir l’intention d’enterrer le trésor et l’association du même coup. Il est de ceux qui disent : « Après moi, la fin du monde ! »

— Vous avouez cela et vous hésitez ! s’écria Portal-Girard.

— J’hésite parce que je ne sais pas.

— Nous savons, nous…

— Alors parlez au lieu de menacer, parlez, je vous écoute.

Portal-Girard et le prince regardèrent Samuel, qui dit avec une répugnance visible :

— Entre gens comme nous, il n’y a pas d’écrit possible. À quoi servent les pactes, quand même ils sont signés avec du sang ? Je ne connais pas le moyen de lier l’Amitié, et si l’Amitié ne joue pas franc jeu, nous sommes perdus !