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— Du punch en haut et en bas, allume, Polyte !

Polyte était le garçon de confiance qui tirait les numéros à la poule.

— Bravo ! cria Similor dont l’enthousiasme n’eut point d’écho. Vive le punch !

Cocotte avait monté trois ou quatre marches de l’escalier à la rencontre de la grosse femme.

— Il y a du tabac ? demanda-t-il.

— Oui, et prends garde d’éternuer ! répliqua la reine Lampion d’un air rogue.

Piquepuce s’approcha pour demander à son tour :

— Combien sont-ils ?

— Ils sont quatre.

— Les connais-tu ?

— Ils ont le voile.

La reine Lampion ajouta tout à haut :

— Quatre verres pour le confessionnal, Polyte !

L’aspect général de l’estaminet avait entièrement changé : hommes et femmes semblaient pris d’une anxiété pareille, et l’on entendait dans les groupes ces mots qui couraient :

— Quatre voiles à la fois ! à quelle diable de besogne va-t-on nous envoyer cette nuit ?

Similor seul avait pris une pose de matamore pour dire à sa voisine :

— Le punch est la boisson que je préfère, bien chaud et pas trop baptisé. Si l’occasion est venue d’affronter les bourgeois ou la force armée, vous pourrez voir le caractère de celui qui se propose de vous fréquenter, et dont rien n’est capable d’étonner son courage ni son amour !

La reine Lampion n’avait pas regagné son comptoir ; elle s’était assise sur la der-