Page:Féval - Maman Léo, 1869.djvu/177

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Un garçon, la serviette sur le bras, s’était élancé vers l’escalier en colimaçon qui conduisait au cabinet particulier, situé à l’entresol, et connu sous le nom du confessionnal, mais il fut arrêté au passage par Cocotte, qui se tourna vers la dame de comptoir et lui dit :

— À vous, maman Rogome, et plus vite que ça !

On vit alors la reine Lampion quitter le siège où elle semblait rivée depuis le matin jusqu’au soir et gagner l’escalier à vis, qu’elle monta en geignant.

Quand elle était hors de son trône, la reine Lampion perdait cent pour cent. C’était un hideux paquet de graisse rhumatisée, et nous ne saurions mieux la comparer qu’au vieux lion de Léocadie Samayoux.

Elle parvint enfin au haut de l’escalier, et disparut derrière la porte fermée.

— C’est drôle que M. l’Amitié n’a pas passé par l’estaminet comme à son ordinaire, dit Cocotte.

— Ça veut dire qu’il est venu avec des gens qui ne sont pas pressés de se montrer, répliqua Piquepuce en baissant la voix : on va savoir la chose tout de suite, attendons.

Similor était impressionné profondément.

Il murmura :

— Ça fait quelque chose de se trouver sous le même toit que les grands de la terre.

La reine Lampion reparut au haut de l’escalier. L’écarlate de sa joue passait au violet.

Ce fut d’une voix un peu tremblante qu’elle commanda :