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main ?… et puis, si l’animal s’est vraiment intéressé à la petite, il doit bien savoir que je suis du même bord.

— Holà ! l’homme ! cria-t-elle, j’aurais idée de causer avec vous un petit peu.

Ils longeaient la façade principale de la maison de santé, garnie de ses échafaudages à cause des réparations.

Au lieu de répondre, Coyatier pressa le pas.

— Sauvage ! grommela la veuve, c’est pourtant certain qu’on raconte de toi des histoires où il y a du cœur, du moins ça paraît comme ça ; mais je connais trop bien les lions et les tigres pour me laisser prendre à de pareilles couleurs.

Une centaine de pas plus loin, le marchef s’arrêta court, dans un endroit découvert qui séparait l’établissement du docteur des premières maisons de la rue de Chaillot.

De là on apercevait la station des voitures à lanternes jaunes, connues sous le nom de Constantines, et qui allaient au faubourg Saint-Martin.

Coyatier attendit la veuve en secouant les cendres de sa pipe, qu’il rechargea, toute brûlante qu’elle était.

— Je n’irai pas plus loin, dit-il ; là-bas, il y a trop de monde et trop de lanternes.

— Pourquoi n’avez-vous pas voulu me parler, demanda la veuve, qui avait maintenant la voix gaillarde.

— Vous, répondit Coyatier, la lumière et les gens vous rassurent, tant mieux pour vous. Je n’ai pas voulu parler à cause des murailles. Partout où il y a des murailles, il y a des oreilles.

La veuve se rapprocha de lui tout à fait.