qu’elle m’apporte du poison. Je ne suis pas au secret, on peut me voir… »
On pouvait le voir ! dès lors il n’y eut plus en moi qu’une seule pensée.
Mais à qui me fier dans cette maison ?
À tout le monde, sans doute, et au premier venu, car la lettre n’était pas tombée du ciel à mon chevet, et tout le monde, excepté la marquise, m’eût aidé à faire ce que la lettre me demandait.
Cependant je partageai en deux ma confiance ; je manifestai publiquement le désir de vous voir, et en secret j’essayai d’agir par moi-même.
Ils vous ont cherchée, ils avaient intérêt à vous trouver ; ils comptent sur vous pour me convertir au projet d’évasion, et ils comptent sur moi pour décider Maurice à se laisser faire.
Je n’essayai même pas de concilier cela avec la croyance où ils sont par rapport à ma prétendue folie. J’ignore si j’ai réussi à les tromper ; en tout cas, leur chemin est tracé, ils en suivent les détours avec un implacable sang-froid.
La chose certaine, c’est que Maurice ne paraîtra pas devant la cour d’assises. Ils l’ont décidé ainsi. Fallût-il le poignarder dans les escaliers du palais, il ne franchira pas le seuil de la salle des séances.
Quant à moi, je suis encore bien plus redoutable que Maurice. Ils ne sauraient point dire, en effet, à quel degré Maurice a été instruit soit par moi, soit par Remy d’Arx, dans l’interrogatoire qui précéda l’ordonnance de non-lieu ; mais ils ont la certitude absolue que je connais tout.
Je ne serai ni accusée ni témoin.
Ce n’est pas un bâillon, c’est un linceul