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tion humaine derrière le rideau qui est au fond de mon alcôve.

J’ai tâté plus d’une fois pour tâcher de reconnaître ce qu’il y a derrière la draperie qui n’a point d’ouverture. J’ai eu beau repousser le rideau et allonger le bras, je n’ai jamais pu rencontrer de muraille.

Qui avait apporté la lettre ? Je songeai d’abord à Francesca, dont l’affection pour moi ne s’est jamais démentie et qui aimait tendrement Remy, mon frère…

— Je ne peux pas tout dire en une fois, bonne Léo, dit-elle ici en s’interrompant, vous saurez l’histoire de Remy en même temps que la mienne.

Ce n’était pas Francesca Corona qui avait apporté la lettre, car elle me croit, comme les autres, privée de ma raison. Je n’ai pas osé me confier à elle. Ce n’était pas non plus Victoire, ma femme de chambre, qui était à vendre et qu’ils ont achetée.

J’allai jusqu’à penser que la marquise elle-même…

Pauvre femme ! elle serait bien près de sa perte si elle donnait une pareille marque de clairvoyance. Elle n’est protégée que par son aveuglement.

Ce n’était pas la marquise, ce ne pouvait être elle.

Du premier coup d’œil, j’avais reconnu l’écriture de Maurice. La lettre disait : « En dehors de toi il n’y a au monde pour m’aimer que l’excellente maman Léo. Ma famille ignore peut-être où je suis, et que Dieu le veuille ! mais si mon père et ma mère m’ont oublié, moi, je pense à eux sans cesse. Je ne veux pas que le nom de mes frères et sœurs soit déshonoré. Cherche maman Léo, trouve-la, et fais