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Ce fut en ce moment que la veuve tressaillit pour la première fois en apprenant que Valentine avait vu Maurice.

La jeune fille, à la vérité, pallia ce mouvement en faisant semblant de s’éveiller en sursaut, mais Lecoq était un terrible observateur.

— J’en étais sûr ! pensa-t-il, on se moque de nous, et nous y aidons tant que nous pouvons. La petite n’est pas plus folle que moi, elle joue son rôle en perfection, et la voilà commodément établie là-bas à raconter une histoire qui nous force à tordre un cou de plus, car la bonne femme, en sortant d’ici, saura notre secret.

Son regard se fixa plus aigu sur le groupe, qui avait repris son immobilité.

Il guetta ainsi longtemps. On peut dire que la veuve et Valentine ne donnaient plus signe de vie. Lecoq, qui voyait par-derrière les belles masses des cheveux de Valentine éparses sur l’épaule de la dompteuse, en vint à douter de sa première impression.

— La grosse est bonne comme du gâteau, se dit-il, et après tout, l’enfant a reçu un fier coup de maillet ! En tout cas, le plus sûr est d’ouvrir l’œil. Qui vivra verra, et j’ai idée que ce ne sera pas le colonel.

Valentine, cependant, continuait de parler à l’oreille de maman Léo, et disait :

— Ce fut un matin, en m’éveillant, que je sentis quelque chose dans mon sein. J’y portai la main et j’en retirai la lettre de Maurice. J’étais seule, je pus la lire tout de suite.

Ce fut ce jour-là aussi que je crus entendre pour la première fois une respira-