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Dans la position qu’elle avait prise, sa bouche était tout contre l’oreille de Mme Samayoux.

— Maintenant, ne me répondez plus, dit-elle, si bas que la dompteuse avait peine à l’entendre. Si vous restez bien immobile, comme il faut faire pour ne point éveiller une pauvre folle qui dort, cet homme ne se doutera même pas que je vous parle à l’oreille. Avez-vous bien serré le papier que je vous ai donné ? Vous le lirez quand vous serez seule. Je ne suis pas folle, vous l’avez déjà deviné, et ce ne sont pas les juges qui menacent notre Maurice le plus terriblement. J’ai vu Maurice dans sa prison.

Ici la dompteuse laissa échapper un si brusque mouvement, que Valentine fit comme si elle s’éveillait en sursaut.

— Qu’as-tu donc ? demanda-t-elle, à voix haute. J’étais déjà embarquée dans un beau rêve, le rêve que j’ai toujours dès que je m’endors.

— Moi, répliqua la veuve avec à-propos cette fois, c’était tout le contraire, je m’étais endormie aussi et j’avais un mauvais rêve.

— Si le mien pouvait seulement revenir ! murmura Valentine reposant de nouveau sa tête charmante sur l’épaule de Mme Samayoux.

— Vous voyez, reprit-elle bien bas, tandis que son attitude abandonnée feignait encore une fois le sommeil, vous ne m’avez pas obéi. Quoi que je dise, désormais gardez votre calme ; il est nécessaire que vous sachiez tout. Maurice m’avait écrit pour me demander du poison, car la mort infamante lui fait peur, et j’ai été le voir pour