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— Tu es comme les autres, disait-elle d’un ton insouciant et doux, tu ne veux pas croire que j’avais un frère, mais moi je me souviens bien d’une nuit terrible… et quand je pense à cette nuit-là, c’est comme si on me racontait une histoire de brigands !

Elle baissa la voix tout à coup pour ajouter rapidement :

— Ils sont difficiles à tromper, prends garde !

La dompteuse ouvrit de grands yeux ; elle ne savait que croire.

— Qu’est-ce que Maurice t’a dit pour moi ? demanda tout haut Valentine.

— Je n’ai pas vu Maurice, répondit Mme Samayoux.

— Quoi ! vraiment ? tu l’aimais pourtant bien autrefois !

— Ce matin encore, j’ignorais tout, reprit la veuve, et je me demande à moi-même comment cela se fait. C’est seulement ce matin qu’on a raconté devant moi cette horrible aventure.

Valentine l’interrompit pour dire d’un ton important :

— Mon frère était riche, et j’aurai une très belle fortune.

Leurs regards se rencontrèrent, et certes, c’était dans les yeux de la veuve qu’on aurait pu découvrir des symptômes de folie.

Elle passa la main sur son front où il y avait de la sueur. Valentine reprit :

— Embrasse-moi, maman Léo, nous irons le voir ensemble. Est-ce qu’on peut se marier dans une prison ?