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bien sûre qu’elle fera tout ce que nous voudrons.

— Nous voilà seules, dit la veuve au moment où la porte se fermait.

Elle allait parler encore, mais Valentine lui mit la main sur la bouche.

Puis, tout à coup, elle rejeta sa couverture d’un mouvement violent, et sauta hors du lit en riant à gorge déployée.

La dompteuse, stupéfaite, voulut la saisir dans ses bras, mais Valentine s’échappa vers le foyer en disant :

— J’ai froid et mon frère est mort, il faut que j’aille à son enterrement.

Elle s’accroupit près du feu et chauffa ses pieds nus.

Mme Samayoux resta un instant immobile sous le coup de son angoisse. Toute idée de folie s’était en effet effacée dans son esprit au premier aspect de Valentine si calme ; maintenant elle se souvint de ce que lui avait dit M. Constant.

Valentine, en se retournant à demi, secoua les beaux cheveux qui tombaient sur ses épaules.

— Viens, dit-elle, avec un sourire d’enfant, viens te chauffer aussi, nous parlerons de mes noces.


XII

En dormant


Mme Samayoux avait enveloppé Valentine dans un manteau de nuit pour l’asseoir à la place même occupée naguère par le colonel.

Les petits pieds de la jeune fille sortaient seuls des plis de l’étoffe et semblaient chercher la chaleur du foyer.