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bonne mère, dit en ce moment Valentine.

— Est-ce que tu n’es pas la maîtresse ? répondit Mme d’Ornans. Ordonne, on t’obéira.

— Je voudrais être seule avec maman Léo.

— Tu as donc des secrets, méchante ? fit la marquise d’un ton plein de caresse.

— Dites-leur de s’en aller, répliqua Valentine avec une impatience soudaine que rien ne motivait, ils me gênent ! je ne les aime pas ! je n’aime que vous et maman Léo.

Cette dernière éprouva une espèce de choc en écoutant ces paroles, qui étaient d’une enfant ou d’une folle.

La marquise embrassa Valentine sans répondre et dit en passant près de la veuve :

— Elle est bien mieux qu’hier ; si vous l’aviez entendue dans les commencements ! sa raison se remet à vue d’œil.

— Allons, messieurs, reprit-elle en rentrant dans la chambre, nous sommes de trop ici et nous n’aurions pas dû attendre qu’on nous priât de sortir. Donnez-moi votre bras, prince, et allons prendre le thé au salon.

Il n’y eut pas une seule objection. Tout le monde se leva en souriant, et le colonel, qui sortait le dernier, appuyé au bras de Francesca Corona, dit :

— Savez-vous que ma petite Fanchette a raison d’être jalouse ? Nous l’aimons trop, cette enfant-là !

— Et je l’aime comme tout le monde, ajouta la comtesse.

— Venez, fit la marquise ; quand elles vont avoir fini, nous reprendrons la bonne Mme Samayoux en sous-œuvre, et je suis