Page:Féval - Maman Léo, 1869.djvu/105

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

certifiée à la fois par le colonel Bozzo, par M. de Saint-Louis et par le Dr Samuel.

Il ne faut point oublier que les amis de Valentine avaient besoin d’un conseil judiciaire compétent presque autant que d’un habile médecin. Deux menaces étaient suspendues sur la tête de cette chère jeune fille, entourée d’amis si dévoués, et la plus cruelle des deux menaces n’était peut-être pas la maladie.

Le docteur Samuel, en qui tout le monde avait confiance, avait dit en effet : « Si elle perd celui qu’elle aime, elle mourra. »

C’était précis comme un arrêt.

Le personnage dont nous parlons n’est pas tout à fait un inconnu pour le docteur ; il nous fut présenté jadis à l’hôtel de la rue Thérèse, chez le colonel Bozzo-Corona, sous le nom du « docteur en droit. »

Il s’appelait M. Portal-Girard, et c’était lui qui, après un examen approfondi de la situation de Maurice, avait prononcé en quelque sorte une sentence prophétique en déclarant que le jeune lieutenant de spahis ne pouvait pas être acquitté.

C’était lui, en outre, qui avait ouvert l’avis d’une évasion à tenter. Cet expédient, qui est le plus extra-judiciaire de tous, n’est pas mis en avant d’ordinaire par les jurisconsultes, mais de même que les médecins trop savants deviennent fréquemment sceptiques à l’endroit de la médecine, de même les adeptes qui sont descendus tout au fond des secrets de la jurisprudence se sentent pris souvent d’un douloureux et terrible dédain pour la justice humaine.