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deux corps de logis éclairés. Ici les malades ordinaires et là les aliénés ; nous n’allons ni ici, ni là ; vous savez, la demoiselle est au bout, dans le grand pavillon.

Ils suivirent un chemin où la neige était balayée avec soin et parvinrent à une maison de belle apparence, dont le perron, tourné vers le midi, dominait tout le paysage parisien.

M. Constant sonna et ce fut Victoire, la femme de chambre de Valentine, qui ouvrit.

— Dieu merci ! dit-elle, voici assez longtemps qu’on s’impatiente !

Puis elle ajouta avec une curiosité qui n’était pas exempte d’impertinence :

— C’est là la personne ?

— Oui, ma fille, répondit l’officier de santé, c’est une personne qui n’a besoin ni de vous ni de moi et qui a droit à votre politesse. Allez nous annoncer tout de suite.

Victoire fit une révérence moqueuse et disparut.

Mme Samayoux s’étonna de rester toute déconcertée.

— Qu’est-ce que ça va donc être quand je serai en présence des dames et des messieurs, murmura-t-elle naïvement, puisque la chambrière me fait peur ?

— Il n’y a pas insolent comme les valets, répondit M. Constant, qui jouait supérieurement l’indignation. Pour un peu, je la ferais flanquer à la porte. Avec les maîtres ça ne se ressemblera plus, et vous allez voir comme on va vous mettre à votre aise.

— Madame veuve Samayoux peut entrer, dit en ce moment Victoire, qui revenait.

Maman Léo se sentit prise d’un vérita-