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m’a promis mariage… mais lui ne veut pas… prends garde à lui !

Il vint depuis ce temps-là toutes les nuits. Bien souvent, il était question du mariage qu’il retardait sans cesse sous différens prétextes. La Noué devenait coquette, sans cesser d’être horriblement sale. Elle s’achetait des fanfreluches aux foires, et j’entendais que Ducros la grondait derrière la serpillière. Il ne voulait pas de dépenses. Il lui reprochait aussi son eau-de-vie et son tabac.

Par le fait, elle ne mettait plus guère de côté : tous ses vices avaient grandi du même coup. C’était une chose burlesque et hideuse que de voir ces essais de parure. Quand elle était ivre, et cela lui arrivait souvent maintenant, elle s’affublait d’une foule de loques bizarres pour recevoir son futur, et passait des heures entières devant son tesson de miroir.

Le bonhomme baissait de jour en jour, mais il ne mourait point. Ducros trouvait que c’était long.

Ducros avait mis dans la tête de Scholastique de me faire apprendre un métier pour que je gagnasse plus d’argent. Il approuvait mes courses derrière les diligences, mais l’état de bousière lui semblait médiocre. Je fus d’abord bien heureuse de leur décision, car on me mit pendant deux heures par jour chez M. Guéruel, le patron de Gustave. C’était Gustave lui-même qui me donnait des leçons.