— Ou trois, mon brave. Montons la côte.
Ce fut donc assis commodément sur le banc de bois d’un petit cabaret fort affreux à voir, les coudes sur la table, et en face d’un pot de cidre aqueux et singulièrement saturé d’acides, — du vrai piot, en un mot, — que Joson commença cette seconde partie de sa légende. Nous ferions mieux peut-être de le laisser parler ; mais (faut pas mentir !) ceux de nos lecteurs qui ne font point domicile au joli bourg de Guichen auraient parfois peine à comprendre le style de Joson. Nous continuerons donc de traduire.
On parlait beaucoup à Guichen et à Pontréhan, et à Lohéac, et aussi à Rennes, d’un chevalier qui faisait merveilles en terre sainte contre les païens. Le roi l’avait fait comte, le duc l’appelait mon cousin, et pas un croisé n’avait conquis une gloire égale à la sienne.
Aussi les ménestrels chantaient-ils sur tous les tons sa renommée, et l’on entendait de toutes parts retentir, au milieu des louanges, le nom du vaillant comte Addel.