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LES CONTES DE NOS PÈRES.
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petite porte semblait n’avoir point servi depuis un siècle ; mais on ne fait pas usage de cachette tous les jours : s’il y avait une cachette, cette porte devait y communiquer directement ou indirectement.

Or les travailleurs faisaient un infernal tintamarre ; il était possible que le vieux marquis, effrayé, voulût s’échapper par cette voie, — en supposant toujours qu’il y eût une cachette, et que le vieux marquis y eût cherché un abri. Ce raisonnement, on en conviendra, n’était pas très-mauvais, les deux prémisses valaient quelque chose, la conclusion seule tombait à faux : la poterne, en effet, communiquait seulement avec l’ancien arsenal du château, où achevaient de s’oxyder côte à côte deux vieilles couleuvrines et trois ou quatre douzaines d’arquebuses à rouet.

Quoi qu’il en soit, le citoyen Bertin et le citoyen Thomas, laissant les défenseurs de la patrie continuer leur œuvre de dévastation, s’installèrent sous l’épais couvert du parc, à quinze pas l’un de l’autre, et sans se voir. Ils couvaient avidement de l’œil la poterne, s’attendant à chaque instant à la